En Acte(s) #3
Voici une nouvelle session du trépidant feuilleton théâtral conçu par la Compagnie Kisa Mi Lé…
Petit rappel du procédé : un.e metteur.euse en scène choisit un.e auteur.rice dont la mission consiste à écrire en trois mois un texte théâtral. Libre dans sa forme comme dans son propos, la pièce doit néanmoins faire écho à l’actualité.
Les quatre interprètes sélectionné.e.s pour l'occasion disposent de deux semaines pour s'approprier le texte. Puis toute l'équipe se réunit cinq jours au plateau pour concevoir le spectacle. Pas de décor, seuls quelques accessoires et instruments de musique. En créole ou en français, c'est au choix.
Encore une fois, le défi s'annonce très prometteur, avec des distributions de haut vol : le binôme Jean-Laurent Faubourg et Nicolas Givran (dont on se souvient de L'Amour de Phèdre en mars dernier) donnera le coup d’envoi de la saison les 9 et 10 septembre à la Fabrik.
EN ACTE(S) #3 Note au metteur en scène : ce qui est possible
"Il est possible d’avoir son téléphone toujours avec soi, à condition d’être assez jeune pour pouvoir faire plusieurs choses à la fois. Il est possible de mettre une enceinte bluetooth au milieu de la scène, à condition qu’il y en ait au moins un qui kiffe grave et au moins un qui s’emmerde grave. Il est possible de jouer en playback, ou d’utiliser des voix off, à condition de parler de lip-synch ou de s’interroger sur la sincérité de ces mots portés. Il est possible qu’ELLE soit un garçon à condition de comprendre les non-genrés sans perdre les genrés. Il est possible de faire du karaoké à condition de toucher les spectateurs. Il est possible de mettre de la musique à condition qu’elle ne soit pas seulement du goût des acteurs ou du metteur en scène. Il est possible d’avoir du silence, à condition qu’il parle des tortures mentales. Il est possible de faire des montagnes russes car c’est l’adolescence. Il est possible de zapper sauf que maintenant on dirait plutôt scroller. Il est possible de dire « wesh » … « en vrai » … « genre »… à condition que personne n’en rigole. Il est possible que les jeunes soient joués par des vieux, car les vieux se croient jeunes. Il est possible que le spectateur du CDNOI soit perdu, parce que l’ado en sait 10 fois plus que lui, en vrai. Il est possible de parler aux spectateurs, à condition de créer de la gêne, de la peur ou de la tristesse (liste exhaustive). Il est possible que LUI parle à quelqu’un à condition qu’il soit le seul à voir cette personne. Il est possible que MAMAN pleure parce qu’elle ne prend que des coups. Il est possible que PÈRE soit présent à condition qu’on ne le voit pas. Il est possible que MAMAN soit toujours là, car MAMAN est toujours là. Il est possible qu'ELLE mente."
Jean-Laurent Faubourg